Vous écrivez : “Il acquière son humanité progressivement, même avant de naitre.»
Est-ce qu’il acquiert son ADN progressivement ? non, évidemment, cet ADN existe dès la première cellule issue de la fusion des gamètes. Et cet ADN, grâce à qui cette première cellule, si un défaut létal ou la volonté humaine ne met pas fin à sa vie, évoluera inévitablement en un être humain ayant telle et telle caractéristique génétique, étant un ADN humain, l’être résultant de cette fusion des gamètes est incontestablement humain dès ce moment.
Il est exact que notre tristesse, notre sentiment de perte, n’est pas le même pour une fausse couche restée ignorée parce que très précoce (et pour cause ! on ne peut pleurer quelqu’un dont on a ignoré l’existence…), pour une fausse couche à quelques semaines (encore que s’il s’agit d’un enfant très désiré, d’un enfant dont la conception même a été difficile, le chagrin peut être très grand) que pour un enfant qui aurait pu être viable.
Mais ce n’est pas nous, ce ne sont pas nos sentiments qui donnent à nos enfants leur humanité : ils sont humains, que nous le voulions, que nous le sachions ou non, depuis l’instant où s’est formé leur ADN, qui n’appartient qu’à eux.
Il est plus confortable, évidemment, pour l’esprit, de se dire que l’embryon avorté par le stérilet n’était pas encore humain, que le petit de 14 semaines dont on va se débarrasser “comme d’un cancer” est un RIEN, n’étant ni une personne, ni même un animal, un végétal ou un minéral.
Mais si les femmes qui ont conçu un enfant sans le vouloir (et on sait qu’un avortement sur deux, au moins, concerne un enfant qui n’aurait pas été conçu si l’avortement était illégal et n’était pas gratuit…) étaient conscientes qu’il ne PEUT pas s’agir d’un “tissu de leur propre corps” comme le leur serinent ceux qui semblent tirer quelque avantage d’un grand nombre d’avortements, parce que ce petit être (qui d’ailleurs, grâce aux progrès de la médecine, ne dépend plus toujours totalement du corps de sa mère, et qu’avec de la chance, si lui-même est normal, il peut survivre hors de ce corps de façon de plus en plus précoce) a un ADN différent du leur, une fois sur deux un sexe différent, un cœur qui ne bat pas au même rythme, bref que s’il dépend d’elles, il est différent d’elles, il leur serait insupportable de mettre fin à sa vie.
C’est donc pour leur rendre cet acte plus “confortable” que l’on leur serine cette idée fausse que cet enfant ne serait qu’un tissu de leur propre corps, un RIEN qu’elles peuvent éliminer comme un cancer. Ce n’est pas parce que ce serait vrai, parce que c’est faux.